La pulsion apocalyptique
Vous réalisez, quand vous écoutez ces hommes, qu'ils sont libres de toutes les contraintes, des limites et de la raison. Ils ont déchaîné les instincts les plus bas, les plus violents. Cette parole vulgaire illustre le règne des pulsions. Ils disent la nudité de ces êtres : contrôler, dominer et, ultimement, tuer. On pourrait les comparer à des animaux, mais ce parallèle ne tient pas. Les animaux ne tuent pas pour le plaisir de tuer. Cette part instinctive ne fait donc pas référence à l'animal, mais à la part satanique de l'être. Ce mot "satanique" fera tiquer plus d'un ; il renvoie à des archaismes, à une pensée hors de la rationalité, pré-moderne. Je ne l'aurais pas employé il y a quelques mois de cela, mais il est celui qui convient. L'humain est tiraillé entre des instincts contraires : celui de la lumière divine, qui est l'œuvre du dénuement et de l'abandon de soi, la fidélité au pacte, et celui de l'ombre satanique, la divinisation de soi et l'infidélité à la présence de Dieu. Tout être est pris dans l'étau de ces forces divergentes. La lumière requiert un travail constant sur soi, se désemparer et maîtriser sa chair, alors que l'ombre requiert qu'on se soumette à ses violentes compulsions. On a donc, en face de soi, la radicalité du mal. Mais ces êtres ne sont pas pour autant différents de nous ; ils sont de la même chair. Ils représentent la polarité du mal, ces virtualités qui demeurent en tout être. La finalité, à mon sens, de la pulsion satanique est la destruction : destruction de soi et des autres. Pour qu'ils puissent exister, ils doivent tout anéantir. C'est une pulsion apocalyptique. Savoir ce qu'ils sont implique de comprendre ce qu'on pourrait être, les sentinelles de la pulsion de Son amour.
Umar Timol
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