Monday, June 16, 2025


Hajj, sur les traces des Palestiniens

Le Hajj est le cheminement de l’être en quête du Créateur. Revêtu des vêtements les plus simples, dépouillé des apparences, de toutes les illusions qui le construisent, il renoue avec la source primordiale.

Pour certains, le Hajj est l’aboutissement d’un travail spirituel entamé des années plus tôt : le nafs anéanti, ils savourent l’extase spirituelle. Pour d’autres, c’est un commencement, un pas sur un sentier de lumière.

Cette année, alors que le génocide est entré dans sa phase la plus atroce, le Hajj, c’est aussi s'engager sur les traces des Palestiniens. Rien, absolument rien, ne peut se comparer à leur souffrance, mais notre cheminement est une métaphore du leur.

À Mina, dans cette tente qui nous fait penser à un « camp », celui des réfugiés, nous dormons à même le sol, sur un « lit » de misère, à côté de notre voisin, à quelques centimètres de nous. On y apprend les vertus de la pauvreté et de la solidarité.

À Muzdalifah, on va encore plus loin : ici, nul abri pour nous protéger. On dort sur un sol graveleux sous les étoiles, semblables à ceux qui dorment sous les bombes. Et cet ego que nous cultivons à souhait, avec ses soucis de hiérarchie, de différence, de domination, n’existe plus. Nous sommes tous égaux : il n’y a ni ethnie, ni nationalité, ni race, ni caste, ni Blancs, ni Noirs. Notre humanité et notre foi nous unissent.

Aux Jamārāt, nous lapidons, avec des pierres minuscules, ces stèles qui représentent Shaytān. Chaque pierre symbolise le combat que nous devons mener sans cesse contre notre ego, contre l’oppression et l’injustice. À Arafāt, nous purifions notre cœur, enfin lavé de tous ses péchés, nous naissons à une nouvelle vie. Enfin, lors du Tawāf, au moment de la circumambulation, nous nous élevons dans notre foi, nous nous approchons du but — celui déjà atteint par de nombreux Palestiniens : la confiance absolue en Allah, en Sa miséricorde.

Rien n’est hors de Sa volonté, et tout est selon Sa volonté.

Lors de ces différentes étapes, nous sommes Palestiniens, reproduisant les rituels de leur martyre : pauvres, devenus un corps précaire, soumis aux éléments, solidaires avec l’autre, luttant contre les forces du mal, enfin purs, n’ayant pour seul repère que la foi — une foi qui nous transfigure, qui est un acte de résistance, de confiance et de liberté.

Et l’on comprend que ceux qui n’ont rien ont tout, et que ceux qui ont tout n’ont rien.

Se souvenir des Palestiniens, c’est ainsi s’interroger sur le corps amputé de la Ummah. Qu’est-ce qu’un cœur en paix d’un être, alors qu’on démembre méthodiquement, lentement, violemment sa chair, qu’on tue des femmes et des enfants, qu’on les affame, qu’on leur fait subir une violence innommable, du jamais vu dans l’histoire humaine ?

Qu’est-ce que ce cœur, alors qu’on nous invite à une 'patience' qui est synonyme de soumission, alors qu’ils sont nombreux à avoir fait un pacte avec le silence et à être les complices de l’État sioniste ?

Qu’est-ce que ce cœur qui est aveugle au martyre de son frère ?

Qu’est-ce qu’un cœur dont la chair est mourante ?

Est-ce un cœur vivant ou un cœur mort ?

Umar Timol

Photos : 

https://www.facebook.com/share/p/16mcRdEAJv/



1 Comments:

At June 19, 2025 at 4:28 PM , Blogger pra nee said...

C'est un texte tres emouvant qui explique le sens reel du pelerinage en le reliant a la tragedie du peuple palestinien. Le sacrifice de soi n'est rien compare a la martyrisation d'un peuple.

 

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